La philosophie du cyclisme

Hegel sur une draisienne ? Nietzsche sur un grand vélo ? Adorno sur un vélo de course ? C'est inimaginable. Pour les philosophes d'aujourd'hui, la situation est différente. Les auteurs internationaux réunis dans le présent ouvrage - la plupart d'entre eux étant des spécialistes universitaires chevronnés de la philosophie et des disciplines voisines - font cohabiter les deux en 16 essais. Ce sont des passionnés de vélo qui pratiquent leur sport de manière intensive, et c'est précisément pour cette raison qu'ils lui attribuent une dimension directement philosophique. Ainsi, les premiers grands tours deviennent une succession de leçons philosophiques qui n'auraient pas pu être acquises aussi rapidement autrement que par un travail musculaire épuisant - par exemple, la compréhension de ne pas confondre la réalité avec des illusions que l'on se fait soi-même, comme les habitants de la caverne de Platon, ou la prise de conscience de la grande valeur de la philosophie stoïcienne dans la souffrance apathique des montées. La compétition de course soulève immédiatement des questions de rivalité et d'équité - et donc des questions éthiques d'une grande profondeur. Et qu'est-ce que la philosophie féministe a à dire sur le style de conduite des cyclistes féminines ? Et pourquoi, en fin de compte, le cyclisme rend-il heureux, comme les auteurs l'affirment sans cesse ? La réponse est peut-être très simple. Le cycliste sait que le chemin est plus important que la destination. Et cela est déjà en soi profondément philosophique.